Des habitations en permanente évolution

Dans leur grande majorité, les maisons et immeubles construits ou transformés par Hamesse ont été épargnés par les démolitions. Contrairement aux devantures, les logements sont moins soumis aux modes et peuvent être plus facilement adaptés par des transformations intérieures aux goûts et confort modernes.

Les immeubles de Hamesse sont pour la plupart mixtes, combinant fonctions commerciale, industrielle et/ou de logement en un même lieu. L’ingéniosité avec laquelle l’architecte parvient à combiner ces fonctions dans un ensemble au décor et à l’apparence étudiés fait que la plupart de ces immeubles encore debout sont aujourd’hui classés : Immeuble Damman, rue du Lombard 5-9, Bruxelles ; Hôtel Leefson, rue de l’Ecuyer 47-47A, Bruxelles ; atelier et habitation Taymans, rue des Champs-Elysees 6-6A, Ixelles ; ancienne usine Emile Goeyens, rue Notre-Dame du Sommeil 2, rue Rempart des Moines, place du Jardin aux Fleurs 5 et rue des Fabriques 1, Bruxelles.

Les styles et caractéristiques des habitations unifamiliales évoluent tout au long de sa longue carrière, selon les modes du moment. Si ses premières habitations font clairement référence à Hankar et à l’Art nouveau géométrique, celles des années 1904-1910 se marquent d’une influence grandissante de la Sécession Viennoise. Cherchant son style ou voulant tester autre chose, Hamesse intercale quelques réalisations pittoresques dans cette production. Vers 1910, il passe vers un style plus décoratif et moins géométrisé avec l’Eclectisme et le style Beaux-Arts pour finalement revenir à une épuration et géométrisation des formes avec ses habitations Art Déco. Il termine sa carrière avec des constructions modernistes où la décoration est presque complètement absente.

Ses premières habitations se reconnaissent à la géométrisation des éléments décoratifs (enroulements et volutes, grilles, dessins de la pierre bleue, boiseries, amortissement des pilastres), aux cercles, oves et triples rainures. Des frises de petits carrés à décoration florale stylisée, souvent des roses, trahissent une influence de l’école de Glasgow. Ses grilles en fer forgé au décor symétrique et géométrique sont un élément important de la façade. Il joue avec les avancées et retraits au moyen d’oriels, logettes ou bow-windows, surmontés d’un balcon. Les appuis de fenêtre sont à bec et le jeu de matériaux égaye la façade : bandeaux de briques, pierre bleue pour soubassement et sommiers, moellons de grès, aisseliers en bois géométrisés et châssis à petits-bois dans la partie supérieure des fenêtres.

L’influence croissante de la Sécession viennoise et la transition vers le style Beaux-Arts se remarquent aux guirlandes qui apparaissent, terminées par des volutes. Les acrotères, les corniches et les arcs deviennent chantournés. La brique de façade fait place à la pierre blanche et au simili ou à l’enduit.

L’Art Déco apparaît plus tard et de manière plus sobre dans ses habitations que dans ses commerces, conservant quelques réminiscences viennoises.

Texte basé sur l’article « Paul Hamesse & Frères », Mouzelard C., Bruxelles Patrimoines, n°22, avril 2017, p. 70-77. http://patrimoine.brussels/decouvrir/publications

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